Le jour où nous devions nous parler, James Bridle était perché sur les collines d’une île grecque ravagée par la tempête, occupé à regarder «par où l’eau s’écoulait, à des fins de documentation». C’est que l’artiste et philosophe britannique, devenu méditerranéen, a décidé qu’il allait construire lui-même sa future maison – l’occasion fait le larron, et il vient d’acheter un bout de terrain ; mais, surtout, il vient de découvrir les écrits du pionnier de l’autoconstruction, Walter Segal, et il lui tardait de répliquer l’expérience. Alors, tant qu’à faire, il s’est dit que celle-ci gagnerait à résister aux aléas climatiques. On comprend bientôt que la même interrogation le pousse à construire sa maison et à mener ses enquêtes intellectuelles : en un mot, «comment sont construites les choses qui nous entourent, qu’il s’agisse d’une maison, du système légal, d’Internet ou du monde non humain ?».
Pour y répondre, l’ancien éditeur, qui a quitté le secteur du livre et sa Grande-Bretagne natale transformés par le numérique, a commencé par multiplier les projets artistiques, exp