Quarante pour cent des détenteurs d’une première carte de presse quittent la profession au bout de sept ans. C’est à l’aune de cette statistique, et des remontées d’une précédente enquête sur les journalistes de tous âges ayant arrêté le métier (Hier, journalistes avec Adénora Pigeolat, Entremises, 2021), que Jean-Marie Charon, chercheur associé à l’EHESS spécialiste de l’information, s’est lancé dans une étude auprès d’une centaine de journalistes de moins de 30 ans. Il en publie le résultat dans un essai, Jeunes Journalistes, l’heure du doute (Entremises éditions, novembre 2023). Une «suite logique», dit-il, avec l’intuition qu’observer les conditions d’entrée dans le monde des médias peut raconter le paradoxe de cette désaffection précoce pour la profession, alors que le nombre de candidats aux écoles de journalisme est toujours aussi haut. En ressort, à la fin, le tableau d’une génération toujours motivée par ce «métier passion», consciente des difficultés pour y accéder, notamment en termes de précarité économique, mais qui trouve, au bout, des rédactions hermétiques à ses aspirations.
Cette enquête raconte-t-elle un désenchantement ?
Plutôt un doute. Dans l’enquête précédente, on avait insisté sur le désenchantement, parce qu’effectivement les gens quittaient le métier de journaliste. Là, plusieurs personnes interrogées sont dans des parcours professionnels qui, selon eux, ne se passent pas si mal. Mais ils n’arrivent plus à se projeter et se