Jean Jaurès demeure une référence dans l’imaginaire politique à gauche. Mort en martyr au début de la guerre de 1914 et panthéonisé dix ans après, il «est l’inventeur d’une certaine idée du socialisme et de la gauche, et ses prises de position ont suscité des débats qui sont encore, en partie, les nôtres», soutient Jean-Numa Ducange, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Rouen et membre de l’Institut universitaire de France (IUF), dans une biographie, Jean Jaurès (Perrin), parue ce 19 septembre. Ce spécialiste d’histoire sociale et politique retrace le parcours complexe de ce philosophe en politique : le député du Tarn, orateur charismatique, défenseur du parlementarisme et des alliances à gauche, fut d’abord un personnage clivant, voire haï, avant de devenir un mythe consensuel convoité ces dernières années par la droite.
L’une des préoccupations de Jean Jaurès a été l’unification de la gauche, ce qui est également l’un des enjeux politiques du moment avec l’émergence du Nouveau Front populaire. Quel est votre regard sur la séquence actuelle à gauche ?
Avant la dissolution, se dessinait déjà une recomposition de la gauche autour de deux pôles, avec d’un côté la renaissance – toute relative