Cet été, Libération explore les changements existentiels, les bifurcations professionnelles, intimes, familiales ou spirituelles. Lâcher prise, accepter ses limites, les repousser, partir à l’aventure, s’accomplir intellectuellement ou physiquement…
Un arbre dont l’ombre vous rafraîchit l’été, les pelouses humides d’un jardin public, l’écume des vagues, un face à face avec un animal sauvage… Qu’ils soient ordinaires ou spectaculaires, on n’ose pas toujours partager nos souvenirs de nature, par peur de passer pour sensible ou fragile. Le philosophe Jean-Philippe Pierron nous invite pourtant à y revenir, et à oser en parler. Car pour lui, le meilleur moyen d’être soi est de sentir la richesse des liens qui nous unissent aux végétaux, aux animaux, et même aux minéraux. Sans ces connexions qui sont autant d’interdépendances, impossible de vivre, dit-il dans son dernier livre Je est un nous (Actes Sud). Plutôt que de réfléchir à nos existences en nous regardant le nombril, il nous enjoint à faire nos «écobiographies», qu’il présente comme un «déchiffrement du soi vivant avec un territoire, dans et avec un souci de la Terre». Car non, se lier au vivant n’est pas un asservissement mais plutôt une «augmentation» de soi, qui peut nous aider à échapper aux mirages de la technologie et de la société de consommation. L’écobiographie serait donc un exercice poétique et politique, un chemin vers la préservation de nos conditions de vi