Hanté par des antagonismes religieux millénaires opposant juifs et musulmans, sunnites et chiites, le Moyen-Orient n’aurait d’autre destin que celui du conflit. Surtout lorsque les grandes puissances occidentales, Etats-Unis en tête, cessent de jouer leur rôle d’arbitre ou de médiateur. Dans le Milieu des mondes. Une histoire laïque du Moyen-Orient de 395 à nos jours (Seuil), l’historien Jean-Pierre Filiu démonte ces clichés. Pour cela, il reprend la longue histoire de cette région qui s’étend de la Turquie à la péninsule Arabique, englobe l’Egypte, Israël et le Levant arabe, et tire parfois jusqu’à la Libye et au Soudan, au Caucase et à l’Afghanistan. Confrontant les récits aux faits historiques, il propose une histoire «laïque» – on pourrait aussi dire «dépassionnée» – qui permet de mieux saisir l’état de la région vingt ans après le 11 Septembre, et au lendemain du retrait américain d’Afghanistan. Chronologies détaillées et cartes géopolitiques incluses dans l’ouvrage offrent des repères essentiels.
Ecrire une histoire laïque du Moyen-Orient, qu’est-ce que cela signifie ?
«Laïque» renvoie à une neutralité par rapport à toute forme de croyance, religieuse ou non. Le mot offre pour le Moyen-Orient, peut-être plus qu’ailleurs, une boussole d’interprétation très bienvenue. Il permet de désacraliser un certain nombre de discours qui concernent les religions mais aussi le nationalisme arabe, la colonisation, la décolonisation, le sionisme ou l’idée d’une Perse étern