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Printemps arabes

Jean-Pierre Filiu : «Nous assistons à la naissance d’une identité arabe qui se construit par la base»

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Dix ans après les «printemps arabes», et alors que des contestations agitent l’Algérie, tour d’horizon de la région avec l’historien spécialiste du Moyen-Orient Jean-Pierre Filiu, qui analyse l’émergence d’une conscience politique nouvelle et une irrémédiable exigence de citoyenneté.
Manifestation à l’occasion des deux ans du Hirak, à Alger, le 22 février. (Ryad Kramdi/AFP)
publié le 2 mars 2021 à 5h51

Selon les manifestants, la marche du 22 février en Algérie n’est pas seulement une commémoration du deuxième anniversaire du Hirak, suspendu depuis près d’un an pour cause de pandémie. Mais la reprise d’un mouvement de fond pour un véritable changement de régime, comme le souligne un des slogans : «Nous ne sommes pas venus pour l’anniversaire [du Hirak], nous sommes venus pour que vous partiez !» C’est ce mouvement de fond que l’historien et arabisant Jean-Pierre Filiu annonçait déjà dans Algérie, la nouvelle indépendance (point Seuil) qu’il vient de réactualiser ces jours-ci en poche. Il y propose un bilan plein d’espoir du Hirak qu’il étend ici, avec de solides arguments, à toute la région. Les «printemps arabes» n’étaient pas un phénomène saisonnier mais une puissante vague révolutionnaire qui ne cesse de se renforcer.

Quels sont les effets de la pandémie sur les mouvements populaires de contestation ?

La pandémie, qui entraîne des restrictions aux libertés jusque dans les démocraties occidentales, a fatalement joué en faveur des régimes autoritaires dans le monde arabe. Ce fut particulièrement brutal en Algérie où la dynamique du Hirak se fondait sur les défilés du vendredi, avec un écho le mardi pour la jeunesse et les étudiants. Ces manifestations ont bien entendu été suspendues, ce qui a dévitalisé le mouvement contestataire. La répression a pu ainsi se concentrer sur les derniers espaces de liberté que sont les réseaux sociaux. La grande maj