Depuis 2017, le féminisme est en ébullition sur les réseaux sociaux. Le mouvement MeToo a déclenché une libération de la parole dont l’impact a été démultiplié par les puissants mécanismes de partage de l’écosystème numérique. Dans son essai Numérique, féminisme et société (Presses Des Mines), la sociologue Josiane Jouët, qui scrute depuis longtemps l’évolution des usages en ligne, revient dans le détail sur le changement d’échelle qu’a connu le féminisme ces dernières années. Caisse de résonance et formidable déclencheur de mobilisations, le numérique est un outil que se sont approprié des collectifs toujours plus nombreux. Et même si les rapports de dominations n’ont pas été renversés, l’impact de ces mobilisations sur la société n’a rien de virtuel et provoque des évolutions bien réelles dans la société.
MeToo arrive en septembre 2017, quelle était à l’époque l’importance des mouvements féministes en ligne ?
Les réseaux sociaux émergent à partir de 2005. C’est si présent dans nos vies aujourd’hui, qu’on oublie souvent que ce n’est pas bien vieux. La venue des féministes au numérique ne remonte en fait qu’à une dizaine d’années. Des tas de collectifs existaient avant 2017, comme Osez le féminisme, mais c’était beaucoup plus limité. Le grand foisonnement qu’on observe aujourd’hui est très récent. Il aurait sans doute existé sans MeToo, mais pas avec une telle intensité. MeToo a été un catalyseur. Je veux préciser que je n’ai pas voulu étudier le féminisme numér