Dans son dernier essai Résister à la culpabilisation (éd. la Découverte), Mona Chollet évoque cette «voix dans sa tête» qui «l’accable d’injures», la «condamne irrévocablement». La culpabilité travaille chacun d’entre nous, mais certainement d’aucuns plus que d’autres. Pourquoi ne sommes-nous pas tous égaux face aux entreprises de culpabilisation ? Comme la colère, la culpabilité est, pourtant, une émotion sociale courante, assez banale, utile même. Impliquant l’autre, elle est fabriquée avec deux ingrédients : l’impression d’avoir fait du tort à quelqu’un, le sentiment d’avoir transgressé les normes morales du bien et du mal. «La culpabilité n’est pas intrinsèquement mauvaise, explique Aurélien Graton, maître de conférences au Laboratoire de psychologie sociale à l’université Paris Cité. Si vous avez oublié l’anniversaire de votre meilleur ami et que vous vous sentez coupable, ce n’est pas forcément une mauvaise chose de l’inviter au restaurant. Aller s’excuser ou chercher à réparer est un processus adaptatif, un mécanisme essentiel de régulation de la relation à autrui.» Si ce doute culpabilisateur n’existait pas, la vie en société serait passablement infernale. La volonté de réparer, qui accompagne généralement le sentiment de faute, développe chez le sujet des comportements altruistes, amplifie le sens des responsabilités, pacifie la vie en société. Plus intimement, la réparation apaise le sentiment coupable chez l’individu.
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