Menu
Libération
Entretien

«La culture du viol est une culture du secret»

Article réservé aux abonnés
Violences sexuellesdossier
Au procès des viols de Mazan, entamé le 2 septembre, la principale accusée ne devrait pas être la soumission chimique, mais la domination masculine, qui fait du corps de la femme un objet, explique le journaliste Félix Lemaître qui vient de consacrer un livre à ce type d’affaires.
Au palais de justice d'Avignon, l'arrivée de certains accusés du procès des viols de Mazan, le 10 septembre. (Christophe Simon/AFP)
publié le 15 septembre 2024 à 15h14

Comment près d’une centaine d’hommes se sont-ils autorisés à violer une femme inconsciente, droguée par son mari ? C’est l’une des questions centrales posée par le procès de Dominique Pelicot dit des viols de Mazan, qui se tient actuellement en public à Avignon. Ce désir pour le corps féminin inerte n’a rien d’exceptionnel, nous apprend Félix Lemaître dans la Nuit des hommes. Une enquête sur la soumission chimique (JC Lattès), récit d’une quête vivante et documentée inspirée du journalisme gonzo.

C’est partant sur les traces de sa propre construction en tant qu’homme, et de toute une série d’affaires, à commencer par celles des piqûres sauvages en 2022, qu’il en arrive à cette conclusion : ce désir de posséder une femme inanimée n’est pas le fruit de quelques cerveaux malades, mais s’inscrit dans la domination masculine la plus banale, nos représentations culturelles, une culture du viol dans laquelle tous les hommes grandissent et qu’il convient de questionner de toute urgence.

Quel regard portez-vous sur le traitement médiatique du procès Pelicot ?

Malheureusement, il ramène tout à la figure du monstre et n’est pas à la hauteur. Ce devrait être le procès de la domination masculine plus que de la soumission chimique, qui n’est qu’un moyen de la première. Ce glissement risque de circonscri