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Décryptage

La «déconstruction», nouvelle cible des conservateurs

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«Islamo-gauchisme», la polémiquedossier
Après la guerre à l’islamo-gauchisme, puis au wokisme, voilà venue la nouvelle obsession de la droite pour disqualifier les combats progressistes : le «déconstructionnisme». Loin d’être diabolique, cette notion forgée par le philosophe Jacques Derrida invite à interroger les normes et les représentations.
«Untitled #2» de la série «Traces» par la photographe Weronika Gęsicka. Dans le viseur de nos vigies de la République : les féministes radicales, les «décoloniaux», les anticapitalistes et les décroissants. (Weronika Gesicka /Courtesy Jednostka gallery)
publié le 17 décembre 2021 à 17h07
(mis à jour le 20 décembre 2021 à 11h10)

Il en va des marottes idéologiques comme des variants. A chaque saison, sa nouvelle vague menaçante. Après l’«islamo-gauchisme», après le «wokisme», la chasse au «déconstructionnisme» est ouverte. Noël n’est pas encore passé que déjà 2022 s’annonce en trombe. Les 7 et 8 janvier, deux journées de colloque à la Sorbonne seront dédiées à la «déconstruction», ses «rives» et ses «dérives». Appuyé par le controversé Observatoire du décolonialisme, un regroupement d’universitaires opposés à ce qu’ils nomment les «dérives identitaires» de la pensée décoloniale et de l’intersectionnalité, le raout réunira une bonne poignée d’auteurs conservateurs, notamment le remplaçant d’Eric Zemmour sur CNews, Mathieu Bock-Côté, l’écrivain Pascal Bruckner ou la sociologue Nathalie Heinich.

Luc Ferry n’a semble-t-il pas été convié mais le message est passé. L’ancien ministre de l’Education nationale a lui aussi fait de la déconstruction son nouveau moulin à vent rhétorique : «Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce que j’ai la convictio