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Libération
Chronique

La fable du voilier contre les bombes, par Tania de Montaigne

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Guerre à Gazadossier
C’était une époque où quand des hommes, des femmes et des enfants étaient bombardés, des personnes, qui avaient le souci de l’autre chevillé au corps, décidaient de partir en croisière.
Le voilier humanitaire «Madleen» s'approchant du port israélien d'Ashdod, le 9 juin 2025. (Jack Guez/AFP)
publié le 10 juin 2025 à 17h44

Il était une fois, il y a bien longtemps, des gens qui avaient le souci de l’autre chevillé au corps. C’est d’ailleurs ce que leurs amis disaient d’eux le regard plein d’admiration : «Dis donc, toi, t’as vraiment le souci de l’autre chevillé au corps, waouh !» Un jour, ces gens pleins d’humanité firent une réunion. Ça n’était pas la première, ce ne serait sûrement pas la dernière, ils aimaient beaucoup se réunir et trouver des idées qui permettraient au monde d’aller mieux. Et c’est peu dire qu’à cette époque les êtres humains avaient plus que besoin d’aller mieux.

C’était en un temps lointain, très différent du nôtre bien sûr, où la guerre était à l’ordre du jour. En ce temps-là, des hommes, des femmes, des enfants étaient bombardés quotidiennement. Ils mouraient de faim, de peur, de douleur. Ils mouraient pour répondre à une autre barbarie perpétrée de l’autre côté de la frontière. Là-bas, des hommes, des femmes, des enfants étaient morts aussi. Ils avaient été tués, certaines avaient été violées, d’autres enlevés. Certains avaient été rendus vivants, d’autres morts, d’autres pas du tout.

Depuis lors, ces otages avaient disparu dans le silence des mémoires, considérés comme quantité négligeable de l’histoire probablement. Et des hommes, des femmes, des enfants mouraient tous les jours sous les bombardements. Ils mouraient parce que, de part et d’autre de la frontière, des gouvernants voyaient le conflit comme le seul moyen de se maintenir au pouvoir et c’était indén