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Libération
Chronique Ré/jouissances

La hiérarchie des désastres, par Luc Le Vaillant

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Guerre au Proche-Orientdossier
Agresser atrocement selon des scénarios inusités comme le font les islamistes permet de monopoliser l’attention, au détriment de catastrophes plus lentes et silencieuses.
Un incendie après un tir d'obus en provenance d'Israël, au sud du Liban, le 26 octobre 2023. (AFP)
publié le 31 octobre 2023 à 6h00

Toutes les vies se valent et toute mort qui survient ici ou là-bas devrait affecter chacun dans son humanité tremblante. Quant à la fragilité du destin planétaire commun, elle devrait angoisser jusqu’aux moins bien disposés, voisins et lointains rassemblés. Pourtant, au-delà du réflexe de proximité couramment éprouvé et que, sous le boisseau, la presse nomme la loi du mort-kilomètre, certains événements s’imposent et renvoient dans les limbes les conflits précédents. Ceux qui se pensaient bien installés dans les préoccupations générales se voient tout à coup déchus de leur importance. L’Ukraine agressée par la Russie en pâtit aujourd’hui qui doit s’incliner devant l’explosion du Proche-Orient. On pourrait aussi parler du réchauffement climatique ou de l’inflation. Il n’est pas seulement question du clou chassant l’autre, ni de rafraîchir les notifications qui diffusent leur angoisse sur la ligne d’horizon numérique. Il y a des invariants à la mise à l’affiche. Celle-ci se repaît d’irascibilité et d’éructation quand parfois les infusions souterraines et les gangrènes lentes sont autrement plus corrosives.

La brutalité de la soudaineté

Ne parlons que de ce siècle et de sa méchanceté retrouvée quand on croyait à la fin de l’histoire et aux triomphes d’un Occident qui se voyait déjà imposer sa grandeur d’âme à doublure moralisante et sa tempérance doublée de vison éthique. Le 11 septembre 2001 comme le 7 octobre 2023, mais aussi