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Libération
Chronique

La magie du RN, par Tania de Montaigne

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Plus de cinquante ans après la création du parti d’extrême droite, la dédiabolisation fonctionne à merveille : la fille n’a plus à assumer l’héritage du père, et, pour beaucoup, les propos antisémites ne sont plus qu’un détail de l’histoire.
En 1988, Jean-Marie Le Pen, leader du Front national, et sa fille Marine, à La Trinité-sur-Mer (Morbihan). (Patrick Robert /Sygma. Getty Images)
publié le 16 novembre 2023 à 6h46

Il est une petite musique qui se répand à vitesse grand V et qui voudrait que le FN ne soit pas le RN, que Marine Le Pen n’ait rien à voir avec Jean-Marie Le Pen. Il en est même pour dire que ça n’est vraiment pas gentil de faire peser sur la fille ce qui relève du père. Et c’est vrai que ça n’est pas très sympa, après tout, c’est une si gentille fille. Une victime en somme. Bien sûr, elle est membre du Front national depuis 1986, mais ça n’était pas de sa faute. Bien sûr elle est à la tête du parti depuis 2011, elle en a repris le cadre, le système, les réseaux, mais ça n’était pas de sa faute. Elle est héritière malgré elle, que pouvait-elle faire d’autre ? La pauvre. Une victime vous dit-on.

Dans un tour de magie, ce qui compte, c’est que vous parveniez à détourner suffisamment l’attention de vos spectateurs pour qu’ils ne puissent plus percevoir ce que vous êtes réellement en train de faire. Tout tient dans votre capacité à faire croire que vous faites quelque chose d’une main alors que vous faites strictement l’inverse de l’autre. Et si vous vous y prenez bien alors chacun voudra croire ce que vous donnez à voir.

Abracadabadra !

Le 9 mars 1971, 3 000 personnes assistent au meeting d’Ordre nouveau. Le parti réunit tout ce que le pays compte d’anciens membres de la Waffen-SS, d’anciens