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TRIBUNE

La naissance d’un nouvel Occident, par Bernard Guetta

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Le trumpisme décortiquédossier
Donald Trump voulait briser l’Union européenne, mais il en fait le pôle d’ancrage d’un autre Occident, fidèle aux valeurs démocratiques que renie le président des Etats-Unis et qui pourrait bientôt se rapprocher d’Etats d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie, analyse le député européen.
De g. à dr. : les ministres de la Défense Wladyslaw Kosiniak-Kamysz (Pologne), Boris Pistorius (Allemagne), Sébastien Lecornu (France), Guido Crosetto (Italie) et John Healey (Grande-Bretagne) à la conférence de presse pour le soutien à l'Ukraine et la défense européenne à Paris, le 12 mars 2025. (Aurelien Morissard/AP)
publié le 17 mars 2025 à 17h58

Il n’y aura pas de comme avant, pas de retour au statu quo ante, pas de résurrection de l’ordre d’après-guerre. En admettant même – ce qui reste à prouver – qu’un président normal, démocrate ou républicain, succède à Donald Trump et referme ce qui n’aurait été qu’une effarante parenthèse, nous n’en reviendrons pas à un seul et même Occident dominé par les Etats-Unis.

La première raison en est que cette page-là n’a pas été tournée par la réélection de ce président, mais par la constance avec laquelle ses prédécesseurs s’étaient détournés de l’Europe et du Proche-Orient. En 2008, George Bush avait mis la Maison Blanche aux abonnés absents pendant que la Russie envahissait la Géorgie. En 2014, Barack Obama n’avait pas réagi à l’annexion de la Crimée après avoir finalement refusé, en 2013, de sanctionner l’emploi d’armes chimiques par Bachar el-Assad. Il y a quelque deux décennies que l’un et l’autre avaient dit par-là qu’ils avaient à contrer la Chine et non plus la Russie et que leurs alliés de la guerre froide avaient donc à assurer eux-mêmes leur défense.

L’avertissement était devenu message lorsque les Américains avaient porté à leur présidence un candidat, Donald Trump, qui avait systématiquement mis en doute l’automaticité du soutien des