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Libération
Interview

«La Poste est le service public universel par excellence»

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L’historienne Claire Lemercier revient sur les évolutions de la figure du facteur depuis le XIXe siècle. Et rappelle que l’institution, utilisée par tous, est un élément clé de la construction nationale.
Une tournée de la Poste en 1967. (Charles Ciccione/Gamma-Rapho)
publié le 7 janvier 2023 à 5h36

Si la fin du timbre rouge ou le possible abandon des tournées quotidiennes nous ébranlent tant, c’est que la Poste a longtemps été un modèle de service public, et le facteur l’incarnation même de l’universalisme républicain, nous rappelle l’historienne Claire Lemercier, coautrice du livre la Valeur du service public (avec Julie Gervais et Willy Pelletier, à la Découverte en 2021).

Le groupe la Poste a annoncé coup sur coup la disparition du timbre rouge, remplacé par une lettre dématérialisée, et l’expérimentation de la suppression des tournées quotidiennes des facteurs dans 68 régions françaises. Assiste-t-on à un tournant dans l’histoire de la Poste ?

Ces annonces illustrent parfaitement ce qui arrive aujourd’hui aux services publics, dont les cadres dirigeants détruisent eux-mêmes les missions, en déconnexion totale avec les besoins de la population. L’année dernière, la Défenseuse des droits, Claire Hédon, a alerté une fois de plus sur les conséquences de la dématérialisation des démarches administratives. Et contrairement à ce qu’on entend souvent, elle ne concerne pas seulement les personnes âgées. Bien d’autres facteurs entrent en jeu : la pauvreté, les personnes en prison, les zones blanches… On a tort de parler de «fracture numérique», comme s’il y avait des personnes du bon et du mauva