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La solidarité ne saurait être reléguée à une approche libérale, exclusivement caritative, par Pierre Micheletti

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Pour l’ancien président d’Action contre la faim, la crise qui secoue les Restos du cœur traduit les limites d’un système malade, où la place de l’Etat doit être entièrement repensée alors que le nombre de Français vivant sous le seuil de pauvreté ne fait qu’augmenter.

Emmanuel Macron lors d'une visite en novembre 2017 d'un local des Restos du cœur à Paris. (Ian Langsdon /AFP)
Par
Pierre Micheletti
médecin, membre de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), responsable pédagogique du diplôme « santé-précarité » à la faculté de médecine de Grenoble.
Publié le 05/09/2023 à 17h14

La crise que traversent les Restos du cœur est un symptôme. Le déficit financier prévisionnel sur lequel alertent les dirigeants de cette association traduit en effet les limites d’un système que nous devons protéger. La solidarité ne saurait être reléguée à une approche libérale, exclusivement caritative. La mission sociale cruciale des Restos du cœur repose pour une très large part sur la bonne volonté et l’engagement de citoyens. La mobilisation militante trouve aujourd’hui ses limites face à l’ampleur d’une crise alimentaire qui s’aggrave.

L’analyse du modèle économique de l’association nous livre des clés de lecture intéressantes pour comprendre ce qui est en jeu, bien au-delà de cette seule organisation, comme en témoigne l’appel à l’aide rapidement lancé par d’autres acteurs de l’aide alimentaire, dont la Croix-Rouge française.

Solidarité fragile

Les bénévoles des «Restos» délivrent chaque année 145 millions de repas à plus d’un million de personnes. Nous sommes ici sur des interventions massives d’un intervenant désormais incontournable. Les comptes annuels de l’association font a