Menu
Libération
Le Libé des historien·nes

Lagos, les mille visages d’une ville insatiable

Article réservé aux abonnés
Libé des historien·nesdossier
L’expansion tentaculaire de la mégalopole nigériane apparaît comme le symbole du renouveau urbain africain. Retour aux racines.
Le quartier pauvre de Makoko en 2018, un bidonville construit sur des pilotis sous l’un des grands ponts de Lagos. (Jesco Denzel/LAIF. REA)
par Vincent Hiribarren, maître de conférences au King’s Collège (Londres)
publié le 9 octobre 2024 à 10h53

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 9 au 13 octobre 2024, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 10 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Lagos est-elle le futur de l’humanité ? La capitale économique du Nigeria, pays le plus peuplé du continent, est désormais la plus grande ville d’Afrique, devançant Le Caire (Egypte) ou Kinshasa (république démocratique du Congo), avec officiellement plus de 15 millions d’habitants, mais 22 millions pour toute l’agglomération. Lagos est une mégapole où le luxe ostentatoire côtoie une extrême pauvreté. Alors que l’Afrique est non seulement le continent qui connaît la plus forte démographie au monde – en 2050, plus de 25 % de la population mondiale sera africaine – mais aussi l’urbanisation la plus rapide de la planète, Lagos est bien l’image fascinante et parfois inquiétante du monde à venir.

Il n’en fut pas toujours ainsi. Mais qui garde la mémoire de cette ville avant son extension exponentielle ? Au XVe siècle, à la place de Lagos se trouvaient deux villages en bord de lagune nommés «Oto» et «Iddo» peuplés par des Awori qui faisaient partie du monde yoruba. La position de ces ports dans le lagon à l’abri des vagues de l’Océan leur assure une certa