La troupe de la Comédie-Française, à quelques jours d’un scrutin décisif, entend affirmer son attachement naturel aux valeurs républicaines, démocratiques, progressistes, internationalistes, antiracistes‚ féministes et écologistes, dans le droit fil de ce qu’a dit dimanche soir le directeur du Festival d’Avignon, Tiago Rodrigues, à l’issue de la représentation d’Hécube pas Hécube à la Carrière de Boulbon, spectacle dans lequel elle se produit en ce moment sous sa direction.
Le mot «français» qui fait la moitié de notre nom n’a rien à voir avec un usage restrictif, essentialiste et illusoire. Nous entendons dans ce mot d’abord la langue des poètes, réceptacle des langues en laquelle se traduisent les œuvres de notre répertoire, œuvres du monde entier. L’Art appelle et implique le monde entier.
Nous chantons la Marseillaise à l’issue de la représentation du 14 juillet : c’est Antoine Vitez qui avait remis à l’honneur cette tradition‚ parce que c’est le chant du pays des droits de l’homme et du citoyen : il faisait pleurer les dissidents et les réfugiés de toutes les dictatures‚ qui reconnaissaient et entendaient le chant de la liberté. Voilà le sens auquel nous attachons le mot français.
La troupe de la Comédie-Française a toujours réussi à traverser les grandes crises qui ont mis à mal son unité, sa pluralité, ses principes et son répertoire. Elle a parfois terriblement souffert, mais a su trouver les moyens de se tenir dignement en résistant et en affirmant son esprit d’indépendance, simul et singulis. Nous partageons ces valeurs humanistes, universalistes et républicaines‚ opposées aux forces délétères d’un nationalisme qui déshonore la France.