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Entretien

Lauréline Fontaine : «Historiquement, la Constitution a été un instrument de domination économique»

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Dans un essai, la professeure de droit public critique les représentations liées à ce texte de loi à la philosophie moins démocratique que communément admis. Et pose la question de sa réappropriation populaire et sociale.
Au Conseil constitutionnel, à Paris, le 25 janvier 2024. (Denis Allard/Libération)
publié le 1er février 2025 à 7h17

C’était au printemps 2023. Les images spectaculaires des forces de l’ordre massées devant le Conseil constitutionnel, dans l’attente de sa décision relative à la réforme contestée des retraites, démontraient l’incapacité du gouvernement à mener démocratiquement son projet. Un an plus tard, la Constitution était à nouveau au cœur d’un micmac institutionnel après la décision surprise d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale. Tout et son contraire ont été dits à propos de ce texte de loi fondamental qui revêt un caractère quasi sacré dans les pays qui en disposent.

Pourtant, les Constitutions «n’ont jamais produit de changements politiques et sociaux majeurs», explique Lauréline Fontaine, professeure de droit public à la Sorbonne nouvelle, qui publie la Constitution au XXIe siècle. Histoire d’un fétiche social (Ed. Amsterdam). Dans ce livre noir du constitutionnalisme, l’essayiste démontre que si les Constitutions ont «bonne presse», en France et ailleurs, elles sont incapables de faire advenir les idéaux de progrès social et d’émancipation qu’elles proclament. Pire, elles ont souvent été des outils de domination économique au service des puissants.

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