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Grand entretien

Laurent Olivier : «Le massacre des Sioux à Wounded Knee est préparé par la déshumanisation et par la ségrégation des Amérindiens»

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L’historien revient sur ce massacre de 1890 durant lequel 300 hommes, femmes et enfants tombèrent sous les balles de l’armée américaine. En confrontant les témoignages et les récits, son ouvrage contredit la thèse longtemps privilégiée d’une réaction légitime envers l’attitude menaçante des Indiens.
(Maxime Sudol/Libération)
publié le 4 juin 2021 à 15h52

Que s’est-il vraiment passé à Wounded Knee ? Le 29 décembre 1890, dans cette localité du Dakota du Sud, 300 hommes, femmes et enfants sioux – parmi lesquels leur chef Big Foot – tombent sous les balles et les obus de l’armée américaine. Ce massacre, qui marque la fin des «guerres indiennes», représente un traumatisme encore vif dans la mémoire des Indiens. Face à l’armée, qui a longtemps soutenu la thèse d’une réaction légitime envers l’attitude menaçante de leurs ennemis, les Lakota (autre nom des Sioux) entretiennent une version bien différente : durant les jours précédents, Big Foot et les siens n’ont cessé d’accepter les exigences américaines, jusqu’à se rendre à l’armée le 28 décembre. Certes, le premier coup de feu est tiré par un Sioux au cours d’un conseil réunissant les hommes sioux et les chefs de l’armée américaine. Mais en massant les soldats autour du conseil et en exigeant contre toute attente que les Indiens rendent la totalité de leurs armes à feu, ils créent un état de panique. Et puis, pourquoi s’en prendre aux femmes et aux enfants, et poursuivre des combattants peu armés jusque dans un ravin où ils se sont réfugiés ? Alors que la question de la réparation du massacre reste posée aux Etats-Unis, l’historien et archéologue français Laurent Olivier a enquêté sur cet épisode douloureux. Dans Ce qui est arrivé à Wounded Knee (Flammarion), il est le premier à confronter les témoignages pour tenter de restituer la chronologie précise de ces événeme