Elle vous a mis la fièvre à vous cette campagne présidentielle ? Sommes-nous tant sidérés par la guerre qui se déroule en Ukraine au point de ne ressentir que du dépit face à la course électorale à l’œuvre ? Pourtant, de nombreux ouvrages ont montré le rôle essentiel des affects – mépris, ressentiment, colère – dans l’engagement politique. Si leur expression ne passe plus forcément par les urnes comme en attestent les chiffres de l’abstention, les élections demeurent un moment fort en émotions, pour les candidats comme pour les citoyens. Dans la Fièvre des urnes. 2 500 ans de passions électorales (éd. de L’Observatoire), l’historien Laurent Pernot, helléniste et membre de l’Institut universitaire de France, montre, anecdotes et étymologies à l’appui, que la raison s’éclipse quand la campagne s’agite.
Avec la hausse continue de l’abstention, les électeurs sont décrits comme de plus en plus apathiques, vous, vous les décrivez passionnés, de Périclès à aujourd’hui, pourquoi ?
C’est une constante depuis l’Antiquité, à chaque élection, les passions sont là, elles couvent. Il ne faut pas chercher à les éliminer. Derrière la façade raisonnable, celle des arguments, des principes moraux et des valeurs, les affects sont très variés : fierté, orgueil, déception des élus ; allégresse, amour de