Sur la photo de famille du post-#MeToo, beaucoup d’hommes ne savent parfois plus où se mettre. Devant, à côté, au second plan ? Ou carrément s’effacer ? Hommes et femmes seraient-ils devenus des adversaires, ou faut-il tenter de s’allier, et si oui, comment ? En s’inspirant du livre de la journaliste Giulia Foïs, Ce que le féminisme m’a fait, Libé donne la parole à ces hommes, écrivains, artistes, hommes politiques, hétéros ou homosexuels, qui racontent comment ils vivent leur nouveau rapport à la masculinité et au féminisme.
Le milieu dans lequel je suis né et où j’ai grandi ne me prédisposait pas à devenir écologiste et encore moins promoteur du féminisme. Enfant, adolescent, jeune homme, j’ai toujours vu ma mère et toutes les femmes de ma famille accepter leur condition de «soumises» sans se plaindre. C’était comme ça. Le monde était ainsi fait. Peut-être rêvaient-elles de le changer les jours de grande lassitude, mais dans leur milieu, très marqué par la religion catholique, la femme étant la subordonnée de l’homme, elles restaient taiseuses. Protester, élever la voix, n’était pas dans la norme d’un monde aussi hypocrite que conformiste. Et gare à celles qui avaient choisi courageusement de «désobéir» en menant une vie de femme libre. Elles étaient aussitôt montrées du doigt, en même temps qu’objets de tous les fantasmes et de tous les désirs.
C’est dans ce milieu que j’ai grandi, élevé comme mes quatre frères et sœurs par u