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Jeux vidéo

«Le jeu vidéo est un opérateur génial pour structurer le temps quotidien»

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En observant les pratiques réelles des joueurs de tous les âges, neuf chercheuses et chercheurs en sciences sociales montrent comment le jeu vidéo, loin d’être une activité exclusivement solitaire, influe sur les façons de rythmer les jours et d’habiter le monde.
Au Salon des jeux vidéo de la Porte de Versailles, à Paris, en octobre 2010. (Stephan Zaubitzer/Hans Lucas)
publié le 18 juillet 2021 à 19h48

Du jeu vidéo, on connaît les univers dans lesquels voyagent les personnages. Ils ont été visités, parcourus, et ils ont même fait l’objet de recherches très sérieuses. Mais les univers dans lesquels évoluent les joueuses et les joueurs, on les connaît moins. Dans un ouvrage collectif et interdisciplinaire – sociologie, géographie, linguistique, philosophie, etc. – intitulé la Fin du Game ?, neuf chercheuses et chercheurs se sont approchés au plus près des pratiques du jeu vidéo en France pour essayer de comprendre comment et pourquoi on joue. Nous avons discuté avec trois d’entre eux, Hovig Ter Minassian, enseignant-chercheur en géographie à l’université de Tours, Manuel Boutet, sociologue et maître de conférences à l’Université Côte d’Azur et Samuel Coavoux, sociologue et chercheur associé au Cerlis à l’Université Paris V.

Vous expliquez avoir voulu penser les pratiques de jeux vidéo en termes d’inscription dans les «modes d’habiter». C’est-à-dire ?

Hovig Ter Minassian : Nous avons voulu dépasser deux paradigmes. Le premier, c’est de considérer que ce qui se passe dans le monde réel et ce qui se passe dans le monde virtuel sont deux choses très différentes. Le second, c’est de penser que la pratique du jeu vidéo est forcément très immersive et très intensive. Nous avons constaté dans notre étude que ce qui se passe dans le jeu n’est pas déconnecté de la manière dont les gens pratiquent le jeu vidéo dans leur espace quotidien. De plus, ils sont loin de jou