L’apparition a du chien. En une de Télérama, Jackie Reedson affiche ses jambes velues en guise de manifeste. La doctorante en anthropologie s’oppose par l’exemple au diktat de l’épilation, emprise immémoriale de ces maudits mâles sur le deuxième sexe qui plus jamais ne sera second. Au lieu de se couper un sein pour mieux porter le carquois, l’amazone fait flèche de ses gambettes à la toison ardente. Le menton haut, les épaules ramenardes et les mains aux hanches, elle piétine des siècles de soumission esthétique, de prostitution sentimentale et de compétition sororale. Elle est cette danseuse de tango qui mène par la cravate les gominés à costume rayé. Elle tient de la Carmen brûleuse de gros cigares, et qui tuerait au lieu d’être zigouillée. Grace au sébum qui fait boum, elle s’invente libératrice de ces aliénées de la beauté qui, lors du confinement, ont enfin réalisé que leur corps leur appartenait et qu’il importait de ne le contraindre en rien. Fini les régimes amaigrissants, les teintures rajeunissantes, les harnachements rehausseurs, les gommages exfoliants et évidemment fini les coupe-choux araseurs et autres lasers éradicateurs. L’hebdomadaire culturel l’affirme en une manchette à la machette : «Chacune fait ce qui lui plaît». Programme qui m’irait très bien, si son alter ego paritaire était envisageable.
Et c’est pourquoi, le couvre-feu levé et la froidure envolée, me voilà guettant le défilé de ces fiertés plus du tout ébarbées. Cela m’intrigue assez de savo