Menu
Libération
Interview

«Le néolibéralisme cache sa vraie nature pour nous empêcher de le voir tel qu’il est»

Article réservé aux abonnés
En une quarantaine d’années, cette idéologie a triomphé dans la plupart des Etats démocratiques. Coauteur avec Peter Hutchison de la «la Doctrine invisible», best-seller outre-Manche qui vient d’être publié en français aux éditions du Faubourg, le Britannique George Monbiot dévoile les coulisses de cet essor et donne des pistes pour lui résister.
Les promoteurs du capitalisme captent la richesse et la concentrent. Ici, lors du Forum économique mondial à Davos, le 23 janvier 2025. (SIPA)
publié le 12 février 2025 à 18h45

C’est une idéologie qui a patiemment tissé sa toile jusqu’à régir la plupart des aspects de nos vies. Et réussi à nous convaincre qu’elle sert nos intérêts mieux que toute autre. En une quarantaine d’années, le néolibéralisme – un «capitalisme sous stéroïdes» – a triomphé dans le monde entier et sape progressivement les fondements des Etats démocratiques. Dans la Doctrine invisible. L’histoire secrète du néolibéralisme (et comment il en est arrivé à contrôler nos vies) aux éditions du Faubourg‚ George Monbiot, éditorialiste au Guardian, et le cinéaste Peter Hutchison en dévoilent les dessous.

Si le terme apparaît pour la première fois à Paris en 1938 lors d’une conférence, c’est le philosophe et économiste Friedrich Hayek (1899-1992) qui le théorise dans la Route de la servitude, en 1944 : l’Etat, par son interventionnisme naturel, aurait tendance à empiéter sur les libertés individuelles, ce qui pourrait conduire au totalitarisme.

De ses travaux, ses disciples n’ont retenu que la primauté de la concurrence, l’impératif de déréguler les marchés, de mondialiser les échanges et de réduire les impôts des plus riches pour ne pas brider leur esprit d’entreprise et la création de richesse. Dans une série de chapitres brefs et percutants – l’apport du cinéaste sans qui le livre aurait été «plus long et plus ennuyeux», selon son cosignataire – Monbiot et Huchison montrent comment une oligarchie aussi puissante que discrète a usé de l’argent noir et d