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TRIBUNE

Entre le Vatican du pape François et l’Amérique de Trump, une trajectoire de collision

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Pape Léon XIVdossier
Tourné vers l’Amérique latine et l’Asie, le règne de l’Argentin Jorge Mario Bergoglio a marqué une rupture historique avec le paradigme euro-occidental, à contre-courant du tandem Jean-Paul II-Benoît XVI, analyse Massimo Faggioli, professeur de théologie à l’université Villanova de Philadelphie.
Le pape François, le président américain Donald Trump et la première dame des États-Unis, Melania Trump, lors d'une audience privée au Vatican, le 24 mai 2017. (Alessandra Tarantino/AFP)
par Massimo Faggioli, professeur de théologie à l'université Villanova de Philadelphie (Etats-Unis)
publié le 21 avril 2025 à 11h11

Jorge Mario Bergoglio – François a été le premier véritable pape mondial, incarnant les tensions et les contradictions de l’Eglise catholique de l’après concile Vatican II (1962-1965). Tant en penseur qu’en homme d’Eglise, sa formation jésuite et son origine latino-américaine l’ont amené à ne pas reculer face aux problèmes les plus pressants pour l’Eglise aujourd’hui : la sexualité, le cléricalisme, l’islam et les perturbations du capitalisme. Il a laissé derrière lui un bilan mitigé dans la lutte contre le scandale des abus sexuels, que des membres éminents de l’Eglise ont tenté d’utiliser en août 2018 pour le renverser. Sur d’autres questions, comme le ministère des femmes dans l’Eglise, il n’a pas fait beaucoup de progrès mais a laissé la porte ouverte.

Dès le début de son règne, François a mis en avant ses origines modestes, une première pour un pape, géographiquement éloignées de l’Europe ou de la Méditerranée : un jésuite très différent des jésuites libéraux américains, du théologien Carlo Maria Martini, mais aussi de la plupart des autres jésuites latino-américains. Cette identité jésuite particulière du milieu du XXe siècle était visible dans s