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Recension

«Le tournevis plutôt que la bêche» : une écologie du démantèlement

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La révolution écologique sera noire, comme le cambouis : dans un court essai, Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin, enseignants à l’ESC-Clermont s’attaquent aux «communs négatifs», ces biens polluants qui doivent être démantelés pour garantir l’habitabilité de la planète.
Pompes de puits de pétrole près de Crossfield, dans la province d'Alberta (Canada). (James Gabbert/Getty Images)
publié le 23 juillet 2021 à 10h00

En septembre 2020, Emmanuel Macron défendait avec ferveur la 5G devant un parterre d’entrepreneurs de la French Tech, moquant ceux qui voudraient «relever la complexité des problèmes contemporains en revenant à la lampe à huile». Les propos, méprisants et caricaturaux, ont soulevé une vague d’indignation. Et pourtant, ils posent un paradoxe bien réel, sur lequel achoppe encore une partie de la réflexion écologiste : la survie de l’humanité dépend de ce qui la tue à petit feu. Comment vivre aujourd’hui sans l’agriculture intensive, qui nourrit des millions d’êtres ? Se chauffer sans électricité produite au charbon ou par des centrales nucléaires dont nous ne savons que faire des déchets radioactifs ?

Emmanuel Bonnet, Diego Landivar et Alexandre Monnin, enseignants à l’ESC-Clermont Business School se saisissent de cette question dans leur dernier essai, Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement, paru aux éditions Divergences. A rebours des injonctions à la désertion ou à la rupture, ils plaident pour la reconnaissance de la dépendance que les infrastructures capitalistes – routes, réseaux de communication, usines pétrochimiques – ont tissé à tous les niveaux de nos modes de subsistance. Se reconnecter à la nature passe donc d’abord par une «déconnexion» à l’égard d’un système technique polluant, produ