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Libération
Le vert de la guerre

Le changement climatique, cet autre acteur de la guerre

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Pour les militaires, s’adapter au terrain lors des opérations militaires est un classique. Mais les conséquences du réchauffement climatique leur compliquent la tâche : il faut prévoir le renouvellement du matériel, et surtout, lancer la transition énergétique. A ce stade, il est plus facile de baisser le chauffage au ministère des Armées que de limiter la consommation de carburant sur le terrain.
Dans la zone de Demydiv inondée par les forces ukrainiennes afin de bloquer l'arrivée des Russes à Kyiv, le 15 mai 2022. (Carlos Barria/REUTERS)
publié le 1er décembre 2022 à 5h38

L’épisode a déjà été oublié. Il est pourtant l’un des points de bascule de la guerre en Ukraine. C’était fin février, aux premiers jours du conflit : les troupes russes progressent à grand pas sur la ville d’Irpin, leur porte d’entrée vers Kyiv. Alors qu’ils approchent de la ville, suivant l’ancien lit de la rivière Irpin, les envahisseurs voient le niveau de l’eau monter, monter, monter, et les lieux reprendre l’allure qu’on leur connaissait il y a une cinquantaine d’années : un marécage boueux.

Entre les Russes et leur objectif se trouve à présent un bourbier infranchissable. Kyiv est sauvé grâce à la «rivière héroïque». Plutôt que la rivière elle-même, les Ukrainiens auraient dû congratuler le stratège qui a eu l’idée de faire exploser le barrage fabriqué à l’ère soviétique, qui avait asséché les environs. Pour le chercheur en stratégie militaire au King’s College London, Jasper Humphreys, les combattants ont adopté une stratégie de «WarWilding», c’est-à-dire qu’ils ont «créé, ou détruit, un habitat, suite à une manipulation tactique de la nature»