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TRIBUNE

Législatives : comment sortir de l’angoisse ?

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Elections législatives 2024dossier
Quand le clivage centre-extrêmes remplace l’opposition droite-gauche, on assiste à la dévaluation du discours politique. Or, on sort de l’angoisse quand on retrouve la parole et qu’on ouvre ses oreilles, analyse Hélène L’Heuillet, philosophe et psychanalyste.
Dernier meeting de Jordan Bardella durant la campagne des européennes, à Paris le 2 juin. (Stéphane Lagoutte/MYOP pour Libération)
par Hélène L’Heuillet
publié le 18 juin 2024 à 18h34

Abasourdis, sidérés, sonnés, affolés, déprimés… les mêmes mots reviennent en boucle pour désigner l’effet sur les citoyens français du passage à l’acte d’Emmanuel Macron le 9 juin 2024 au soir. Il ne suffisait pas que l’extrême-droitisation du discours public nous angoisse depuis des années, il a encore fallu qu’en remettant en jeu la représentation législative, le Président provoque une nouvelle angoisse.

Pour un sujet humain, l’angoisse se déclenche quand quelque chose «coince», rendant impossible la fluidité psychique. Collectivement, il en est de même.

Depuis des années, ce qui coince, c’est la haine. La haine est fixation sur un objet désigné comme la cause de tout ce qui ne va pas – de la précarité à l’insécurité. Quand c’est le «national» qui sert de référence, comme au Rassemblement national (RN), la cause est «l’étranger». Le slogan majeur est : «Dehors». Quelles que soient les prouesses de communication du parti de Jordan Bardella, l’acception de la nation qui s’y développe est, selon le mot de Zeev Sternhell, «anti-lumières». Il est d’ailleurs remarquable que la rhétorique nouvelle du RN épouse le thème «ni droite, ni gauche», caractéristique, selon Sternhell, du fascisme français. Ce qui coince encore est le nouveau déni. Plus l’extrême droite approche de la majorité des voix, plus on m