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Pédocriminalité

«L’Eglise n’aide pas les prêtres à regarder sereinement leur sexualité en face»

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Pour Josselin Tricou, chercheur en science politique et études de genre, l’Eglise lie le pouvoir des ecclésiastiques à un contrôle strict de la sexualité au sein du sacerdoce. Ils se trouvent contraints de se taire s’ils ne se sentent pas conformes à la règle.

En 2006, lors d’une prière dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. (François Guillot/AFP)
ParThibaut Sardier
Chef de service - Environnement
Publié le 07/10/2021 à 16h41

Dans son rapport rendu le 5 octobre, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase) estime que 216 000 mineurs ont été victimes de prêtres et religieux catholiques depuis les années 50, et livre de nombreuses pistes d’analyse et de réforme pour l’Eglise. Membre de l’équipe Inserm ayant travaillé sur l’enquête commandée par la Ciase, le chercheur Josselin Tricou est également l’auteur d’une enquête intitulée Des soutanes et des hommes. Enquête sur la masculinité des prêtres catholiques (PUF, 2021). Pour ce docteur en science politique et études de genre, étudier la construction de la figure du prêtre, dé-sexualisée et dé-genrée, est une des entrées possibles pour mieux comprendre cette question des violences sexuelles.

La construction de l’identité de genre des prêtres et leur rapport à la sexualité peuvent-ils aider à expliquer les abus sexuels ?

Chez les catholiques, l’idéal sacerdotal se construit historiquement par une dé-sexualisation, et en partie un dé-genrement des prêtres dans le regard des fidèles. Le célibat, l’exclusion du monde économique et politique ont participé à les mettre ainsi à part des autres hommes. Ils seraient plus résistants face aux désirs sexuels ou violents. Avec la perte d’emprise de l’Eglise depuis les années 60