Regarder loin, vers l’horizon, et prendre beaucoup de hauteur : pour illustrer la magnitude du défi – nourrir une population qui doit atteindre son pic, autour de 10 milliards d’habitants, dans la seconde moitié du siècle –, Sébastien Abis a choisi de filer la métaphore de l’ascension du plus haut sommet du monde. Veut-on nourrir le monde ? Franchir l’Everest alimentaire en 2050 (Armand Colin) a fait le choix des perspectives, des prospectives et des lignes de fuite, assez inhabituelles sur le sujet alimentaire, «pilier central de la sécurité humaine». Directeur du Club Demeter – un réseau d’acteurs du secteur agricole et alimentaire –, chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), enseignant à l’université catholique de Lille et spécialiste des questions géopolitiques et agricoles, il publie un essai pédagogique qui pose les jalons du siècle comme autant de cols périlleux à passer.
En quoi la métaphore de l’Everest aide-t-elle à comprendre ce qui nous attend ?
Je pense qu’on ne saisit pas le côté gigantesque du défi qui est devant nous. A l’échelle mondiale, le sujet alimentaire est vertigineux parce qu’il y aura plus de monde, entre 1,5 et 2 milliards de personnes supplémentaires d’ici à 2050, soit en moyenne 200 000 nouvelles bouches à nourrir en plus chaque jour, sachant qu’on est déjà