La querelle familiale autour d’Alain Delon paraît avoir les atours d’une traditionnelle saga balzacienne, vieillotte et faisandée. Le patriarche perd la tête qu’il avait belle et branque, butée et belliqueuse. La fratrie se dispute les trois corps du roi. Trois et non deux, tant Delon, même finissant, ne rechigne jamais à exagérer sa souveraineté. Perdu dans ses songes et décroché des cintres, il peut encore en remontrer à Kantorowicz et à sa théorie qui distingue chez les monarques de droit humain, le mortel et l’immortel, le naturel et le surnaturel.
Star archaïque et peu démocratique, Delon fait mieux et expose aux désirs et aux ressentiments des siens son impossible pérennité physique à la déliquescence avancée et sa dramatique aura artistique aussi fantasmée que datée, sans oublier son magot amassé en vendeur mondial et en affairiste affairé, sinon en roublard fiscal. Au-delà du drame affronté, le naufrage médical de Delon et sa fin annoncée résonnent pourtant avec des questionnements plus contemporain