Avoir un travail, ça ne suffit plus ? Que recherchent les 470 000 personnes ayant abandonné un CDI au premier trimestre cette année (ministère du Travail) ? Ce taux de démissions de près de 3% constitue un record depuis la crise financière de 2008. Et il ne compte pas les ruptures conventionnelles, qui ont augmenté de 20,2% par rapport à mars 2021. S’il semble exagéré de voir dans ces chiffres une «grande démission» à la française, nous vivons un niveau sans précédent de mobilités volontaires, qui tient à la fois au marché du travail très dynamique après la pandémie et à un taux de chômage bas. Mais pas seulement. De quoi ces mobilités sont-elles le signe ? Pour l’économiste Thomas Coutrot et la socioéconomiste Coralie Perez, elles prouvent que la priorité est aujourd’hui donnée au «sens» du travail. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Dans Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire (Seuil), les deux experts démontrent, chiffres et témoignages à l’appui, que cette quête n’est pas l’apanage des cadres et des ingénieurs mais qu’elle travaille l’ensemble de la société. Une réflexion nécessaire en ces temps de pénurie de main-d’œuvre… qui n’empêche pas une revalorisation des bas salaires.
Fabien Roussel a opposé «gauche du travail» et «gauche des allocs».