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Interview

«Les gens veulent un travail où l’on se sent utile et où l’on a son mot à dire»

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Que disent les démissions, les bifurcations professionnelles, les ruptures conventionnelles en augmentation ? Pour les économistes Thomas Coutrot et Coralie Perez, elles témoignent d’une recherche de sens au travail qui s’est accélérée avec la crise sanitaire.
Issue de la série sur les aides à domicile, réalisée en 2022, dans le cadre de la commande nationale «Radioscopie de la France» de la BNF. Avec John chez Henriette, lequel travaille dans l'association Choisir de vivre à domicile (CVAD) de Bonnat (Creuse). (Valérie Couteron)
publié le 21 septembre 2022 à 18h36

Avoir un travail, ça ne suffit plus ? Que recherchent les 470 000 personnes ayant abandonné un CDI au premier trimestre cette année (ministère du Travail) ? Ce taux de démissions de près de 3% constitue un record depuis la crise financière de 2008. Et il ne compte pas les ruptures conventionnelles, qui ont augmenté de 20,2% par rapport à mars 2021. S’il semble exagéré de voir dans ces chiffres une «grande démission» à la française, nous vivons un niveau sans précédent de mobilités volontaires, qui tient à la fois au marché du travail très dynamique après la pandémie et à un taux de chômage bas. Mais pas seulement. De quoi ces mobilités sont-elles le signe ? Pour l’économiste Thomas Coutrot et la socioéconomiste Coralie Perez, elles prouvent que la priorité est aujourd’hui donnée au «sens» du travail. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Dans Redonner du sens au travail. Une aspiration révolutionnaire (Seuil), les deux experts démontrent, chiffres et témoignages à l’appui, que cette quête n’est pas l’apanage des cadres et des ingénieurs mais qu’elle travaille l’ensemble de la société. Une réflexion nécessaire en ces temps de pénurie de main-d’œuvre… qui n’empêche pas une revalorisation des bas salaires.