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Famille

Les pères sont-ils devenus des mères comme les autres ?

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Le psychanalyste Kevin Hiridjee fait un tour d’horizon du spectre élargi de la paternité contemporaine, tirant le bilan de l’engagement toujours plus fort des hommes dans la vie familiale et en en pointant les effets de bord.
L’un des motifs de la transformation des pères est l’explosion du nombre de divorces. (Johan Bävman)
publié le 28 octobre 2024 à 10h42

Lorsqu’est sorti Leçons, le dernier et splendide roman de l’écrivain britannique Ian McEwan (Gallimard 2023, traduit par France Camus-Pichon), le fait que le héros, Roland, soit le père célibataire d’un bébé de 7 mois fut très souvent mentionné et apprécié, par les critiques littéraires comme par les lecteurs. Ce seul trait rendait le personnage aimable. Agé de 38 ans en 1986, il s’occupe avec amour de son fils après que la mère s’est volatilisée, définitivement. Roland relève de ce que l’on a appelé dans les années 80 «les nouveaux pères», un modèle qui rompait avec la figure symbolique du père autoritaire, souverain et distant. Il changeait les couches de son enfant, le promenait avec le porte-bébé accroché sur son torse et participait aux tâches domestiques.

Quarante ans plus tard, le nouveau père a encore un autre visage. Les modèles paternels se sont multipliés et diversifiés, comme les façons de former une famille : «La paternité contemporaine est un héritage du féminisme», écrit le psychanalyste Kevin Hiridjee dans un livre riche et construit à partir de sa pratique professionnelle. Il s’intitule Qu’est-ce qu’un père ? Regards sur les paternités d’hier et d’aujourd’hui. Kevin Hiridjee estime que l’on donne insuffisamment la parole aux pères, et qu’on ne leur sait pas toujours gré de leur métamorphose. Attention :