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Entretien

«Les pervers narcissiques fantasment une domination absolue et une satisfaction immédiate de leurs désirs»

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Après six ans d’enquête, notamment sur le terrain auprès de victimes, le sociologue Marc Joly donne dans un livre les clés de compréhension de ce comportement qu’il qualifie de sociopathologie. Et dresse les profils types de ses auteurs.
(Jérôme Dubois/Libération)
publié le 6 septembre 2024 à 17h11

Initialement savante, l’expression «pervers narcissique» a connu un grand succès médiatique. Elle est passée dans le langage courant au point d’être réduite parfois à ses initiales, «PN». Comme la notion de harcèlement moral qui a émergé en 1998 grâce au livre de la psychiatre Marie-France Hirigoyen (le Harcèlement moral, Syros), le pervers narcissique désigne une forme de violence psychique nouvelle, apparue avec l’évolution des mœurs dans la seconde partie du XXe siècle. Les névroses et les psychoses évoluent en même temps que les mœurs. L’Amour et les Forêts (Gallimard 2014), le roman d’Eric Reinhardt adapté au cinéma par Valérie Donzelli en 2023, présentait un des premiers spécimens de pervers narcissique. Jusqu’à la garde, le premier film de Xavier Legrand, réalisé en 2017, en montrait un autre. Marc Joly, sociologue, chargé de recherche au CNRS, a travaillé pendant six ans sur ce comportement, qu’il qualifie de sociopathologie, notamment en enquêtant au sein d’une association de victimes. Son livre, la Perversion narcissique, étude sociol