Le malaise était palpable ces derniers jours dans les locaux des Presses universitaires de France (PUF), à Paris. La cause de cet embarras ? La parution prochaine d’un livre dénonçant l’«assaut inédit» du «mouvement woke» sur la science en Amérique du Nord et en Europe. Titré Face à l’obscurantisme woke, l’ouvrage collectif, dirigé par les universitaires Emmanuelle Hénin, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, entendait alerter sur la «pénétration des idéologies décoloniales, des théories de la race et du genre dans les milieux actuels de la recherche en lettres et sciences humaines, en droit et même dans les sciences dures». L’essai devait paraître le 9 avril et était annoncé depuis des semaines dans les programmes de publication que la maison d’édition a envoyé aux journalistes en amont des sorties en librairie. Sa quatrième de couverture inquiétante tout en rouge et noir circulait sur Internet et il n’était pas rare de voir des acteurs du monde des idées et des sciences s’émouvoir sur les réseaux sociaux d’un tel projet éditorial.
A l’origine très contestable, la thèse du livre perd plus encore en crédibilité depuis que Donald Trump s’est lancé dans une offensive obscurantiste contre la recherche américaine, lui aussi au nom de l’anti-wokisme. Face à la détermination du locataire de la Maison Blanche à s’attaquer à des champs universitaires touchant aux inégalités sociales, aux discriminations raciales, au climat ou à la santé, à coups de l