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Débat

Les transclasses, ces héros qu’on aime détester

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Surexposés dans les médias depuis une dizaine d’années, les récits de transfuges de classe connaissent un succès important en librairie mais sont aussi vivement critiqués à droite comme à gauche : «ego trip», «ingratitude», «trahison». Le trop-plein est-il atteint ?
Edouard Louis, l’auteur de «En finir avec Eddy Bellegueule», paru il y a dix ans. Ici, à Paris, le 30 mars 2024. (Dorian Prost/Libération)
par Wassila Belhacine
publié le 18 avril 2024 à 5h33

Le vent est-il en train de tourner pour les récits de transfuges de classe ? Alors que les ouvrages mettant en scène un changement de classe sociale vers le haut avaient largement la cote il y a quelques années, la réception semble désormais moins enthousiaste, voire plus railleuse. Chez les conservateurs, rien d’étonnant, cette littérature n’ayant jamais déclenché des tonnerres d’applaudissements. Dans son émission Répliques sur France Culture, fin 2022, le philosophe Alain Finkielkraut brocardait Annie Ernaux, Nobel de littérature et figure majeure de la littérature transfuge de classe, déplorant son «manque de gratitude» à l’égard des institutions culturelles qui l’ont défendue. A gauche, les critiques existent aussi. L’une des plus commentées vient du magazine Frustrati