Mon cher Arc de triomphe,
Je viens de te découvrir dans tes nouveaux atours, en haut de la plus belle avenue d’un vieux monde fatigué. Toi la grosse bête aux cuissots de lutteur, te voilà costumé en danseuse éphémère aux grâces effrangées. Tu étais mastard pas commode et grognard napoléonien cabossé par l’histoire, impavide maître de guerre et gros bourgeois d’affaires. Te voilà bichette désincarnée, plutôt que Diane chasseresse, très à ton avantage dans ta housse vaporeuse et ton cotillon gazeux. Les gilets jaunes et leur hargne réfractaire ne t’ont pas fait broncher. L’installation façon évaporation de Christo et Jeanne-Claude pourrait, au contraire, te réconcilier avec une époque hypersensible que froisse le moindre outrage. Ton plissé-soleil fait de toi une rosière végane et une sylphide sans gluten quand on te croyait à jamais soudard à carcasse viriliste et diplodocus à corne d’auroch.
Ma chère vieille baderne, tu t’es longtemps sanglé dans un treillis kaki et voilà qu’on t’attife d’évanescence peu militaire juste au moment où les marchands de canons maison se prennent une baffe magistrale décochée par les Anglo-Saxons qui resserrent les rangs du sang. L’actualité est assez farce qui te voit enfiler un tutu très lustucru, au lieu de la combinaison néoprène du nageur de combat, à l’heure où l’Australi