Si je vous écris, c’est que comme vous, il m’est arrivé au cours de ma vie et au gré des événements géopolitiques d’avoir le cœur serré entre deux réalités, plusieurs sensibilités et héritages. Pour ma part, il s’agissait du sort des Kurdes au Proche-Orient, en Irak, en Turquie et en Syrie. L’identité kurde est une part de mon héritage, celle de mon père. Il y a également celui de ma mère, l’identité turque. Et puis, il y a la mienne, mon être : Français, Nantais immigré à Paris, héritier de ma mère et de mon père. Comment concilier tous ces mondes ?
Chaque fois que le chaos a frappé les Kurdes, j’apercevais les appareils politiques pousser vers un camp ou l’autre, instrumentaliser ces conflits à coups d’arguments démagogiques. Les uns étaient terroristes, les autres des fascistes. J’étais déchiré. Dans l’impossibilité de trancher. Construire un avis revenait à me séparer en deux, voire trois, et être tiraillé par de nombreuses questions. Comment parler en France du sort des Kurdes sans être soupçonné d’agir par sensibilité communautaire ? Comment ne pas me fâcher avec mes amis français d’origine turque, sensible à l’argument du gouvernement turc qu’une opération militaire en Syrie permettrait de protéger la Turquie du terrorisme ? Tant de questions, si peu de réponses. D’autant plus qu’en France, à plusieurs moments, la question kurde est devenue à la mode. On voyait dans les valeureuses montagnardes et guérilleros trapus de solides alliés face à Daech. Pendant des années, j