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TRIBUNE

Liberté d’expression, pression sur les sources : les journalistes répondent à Bernard Arnault

Dans une note interne, le PDG de LVMH a interdit formellement tout échange avec plusieurs médias indépendants en dehors des canaux de communication officiels. Les sociétés des journalistes signataires de ce texte souhaitent exprimer leur solidarité avec les rédactions des médias visés.
Bernard Arnault, à Paris, le 22 mai 2024. (Denis Allard/Libération)
par Un collectif de sociétés et d'associations de journalistes
publié le 23 septembre 2024 à 17h50

Selon un mémo interne révélé mercredi 18 septembre par la Lettre, Bernard Arnault a formulé à ses troupes une «interdiction absolue» de «parler» avec les journalistes de sept médias «dits d’investigation qui se servent de l’attrait du public pour le luxe afin d’attirer de manière racoleuse un nouveau lectorat» : la Lettre, le Canard enchaîné, Mediapart, Glitz Paris, Puck, Miss Tweed et l’Informé. Plus fort encore, «toutes les autres lettres confidentielles du même type qui existent ou pourraient être créées» sont concernées.

Les sociétés des journalistes (SDJ) signataires de ce texte souhaitent exprimer leur solidarité avec les rédactions des médias visés. Elles rappellent fermement que la mission de la presse n’est pas de relayer la communication officielle des entreprises et institutions, mais d’informer, et que cela constitue un des piliers de la démocratie.

Cet épisode souligne aussi, s’il en était besoin, la nécessité de protéger les rédactions contre les pressions diverses et, en particulier, celles des annonceurs comme des actionnaires grâce à des garanties d’indépendance renforcées.

Au-delà de la dénonciation de la critique explicite des sept médias cités – et du mépris implicite de ce message pour le travail des autres rédactions –, les SDJ signataires saluent le courage de celles et ceux qui apportent aux journalistes de précieux témoignages et de précieuses informations afin de leur permettre au quotidien de remplir leur mission.

Elles rappellent que les salariés jouissent, dans l’entreprise et hors de celle-ci, de leur liberté d’expression. L’obligation de loyauté à laquelle ils sont tenus ne saurait permettre à leur employeur de les priver de leurs droits fondamentaux en leur interdisant tout contact avec les personnes de leur choix. Une telle interdiction générale est également illégale en ce qu’elle tente de faire échec aux dispositions protectrices des lanceurs d’alerte.

Signataires :

SDJ de l’Informé, SDJ de la Tribune, SJP de Libération, SDJ de l’Usine nouvelle, SDJ de Télérama, SDJ de l’Express, Société des rédacteurs du Monde, SDJ du Figaro, SDJ de BFMTV, Société des rédacteurs de Marianne, SDJ de l’AFP, SDJ de RFI, SDJ de Radio France, SDJ de France TV rédaction nationale, SDJ de France 3 rédaction nationale, SDJ de Franceinfo.fr, SDJ de Franceinfo TV, SDJ du Télégramme, SDJ des Echos, SDJ du Parisien, SDJ de Challenges, SDP de l’Humanité, SDR de la Vie, SDR du Nouvel Obs, SDJ de Courrier international, SDJ de 60 millions de consommateurs, SDJ d’Arrêt sur images, SDJ de Konbini, SDJ d’Epsiloon, SDJ de Blast, SDJ de TV5 Monde, SCJ de Sud Ouest, SDJ de Mediapart, SDJ de NRJ group, SDR du Point, SDJ de Sept à Huit, SDJ de Premières lignes, SDJ de M6, SDJ d’Arte, SDJ de France 24, SDJ de RTL, SDJ de TF1, l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS), l’Association des journalistes de défense (AJD), la rédaction de Miss Tweed.


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