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TRIBUNE

L’IVG ne relève pas de la santé mais des droits humains

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Pour faire entrer les droits sexuels et reproductifs (dont l’IVG fait partie) dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, comme l’a suggéré Emmanuel Macron, il conviendrait de les reconnaître en tant que droits des femmes et donc comme des droits humains, affirme l’écrivaine féministe Martine Storti.
Des centaines de personnes ont assisté à la retransmission du Congrès tenu à Versailles pour l’inscription de l'IVG dans la Constitution, ici, à Paris, le 4 mars 2024. (Victorine Alisse/Hors Format pour Libération)
par Martine Storti, ex-journaliste, écrivaine
publié le 25 mars 2024 à 15h29

Le 8 mars, lors de la cérémonie célébrant l’inscription de l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution française, le président de la République a annoncé sa volonté d’inscrire le droit à l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Excellente nouvelle.

Mais, quelques jours plus tard, le ministère de la Justice a réaffirmé, pour justifier le refus français d’une proposition faite par la Commission européenne concernant le viol, que la définition de celui-ci ne relevait pas de l’Union européenne mais des Etats membres. Position française déjà énoncée en novembre 2023 lors du débat à Bruxelles sur la directive relative à la lutte contre les violences faites aux femmes.

Il faut affirmer haut et fort que ces droits sont des enjeux de droit

C’est ce qui s’appelle «se tirer une balle dans le pied». Car c’est précisément un tel argument qui est utilisé depuis des années par les Etats qui s’opposent à l’introduction du droit à l’IVG dans la charte des droits fondamentaux de l’UE, arguant du fait que les droits sexuels et reproductifs sont associés à la politique de la santé. Celle-ci ne relevant pas de l’UE mais de chaque Etat membre, il en va de même des droits sexuels et reproductifs. CQFD, chaque Etat fait ce qu’il veut dans ce domaine !

Le gouvernement français ne peut pas d’un côté user du principe de subsidiarité quand cela l’arrange et, en même temps, affirmer sa volonté de changer la charte puisque ledit principe est sans cesse brandi par les opposants à l’avortement.

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