Au printemps dernier, la romancière américaine Lydia Millet, autrice d’une œuvre riche de presque quinze livres et d’un best-seller, le dévastateur Nous vivions dans un pays d’été, a publié aux Etats-Unis son premier essai, We Loved It All. Un livre hybride et très original à mi-chemin du recueil de pensées érudites et de l’autobiographie, dans lequel Millet mêle anecdotes, souvenirs et ébauches de théories sur les deux sujets qui animent son œuvre bouleversante et désopilante depuis la fin des années 90 : l’état toujours plus préoccupant de son pays et notre rapport infiniment complexe au vivant dans toute sa diversité. Une diversité aujourd’hui menacée dans des proportions à peine imaginables, comme l’Américaine, employée depuis deux décennies au Center for Biological Diversity, fameuse ONG basée à Tucson (Arizona) œuvrant à la protection des espèces menacées, est mieux placée que quiconque pour s’en rendre compte, et en rendre compte dans ses romans et nouvelles, tous voués d’une manière ou d’une autre aux liens complexes entre l’humain et la nature, en situation d’effondrement, concomitamment.
Pourquoi les enfants, que nous enveloppons d’images de créatures sauvages, finissent par afficher sur les murs de leur chambre des photos de gens qu’ils admirent, ? Comment les écureuils en sont-ils venus à remplacer les singes