Une relation saine et apaisée entre la presse et le président de la Ve République ? A lire l’historien du journalisme Alexis Lévrier, on comprend que la chose est improbable, voire impossible. Son essai, Jupiter et Mercure. Le pouvoir présidentiel face à la presse (Les Petits Matins) analyse le rapport fait de distance et de «mépris» qu’entretiendrait Emmanuel Macron avec ceux qui s’efforcent de chroniquer son quinquennat. Mais il montre aussi qu’aucun de ses prédécesseurs n’a trouvé le bon équilibre. Entre ingérence, connivence et tentatives de manipulations, tout se passe comme si cette relation était nécessairement conflictuelle.
S’agissant de Macron, Lévrier rappelle que tout procède de sa prétention à installer une présidence «jupitérienne». Avant même d’être élu, il l’avait théorisée. D’abord en juillet 2015, dans la fameuse interview à l’hebdomadaire Le 1 où il affirme que l’absence de «la figure du roi» creuse un vide que la France ne sait pas combler, sauf quand elle est dirigée par un Napoléon ou un De Gaulle. «Moi, je ne ferai pas des journalistes mes confesseurs, je ne leur ferai pas visiter les coulisses ni les cuisines», dira le candidat Macron, 18 mois plus tard, dans un entretien à la presse régionale. De son côté, le président Hollande soutenait au contraire dans la revue le Débat qu’il fallait se faire une raison : «L’époque de la parole rare et jupitérienne» étant définitivement révolue, le chef de l’Etat est devenu