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Numérique

Mails, WhatsApp, Twitter… le retour de l’écrit

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Pierre angulaire de la communication numérique, l’écrit rythme nos vies connectées parfois au point de les envahir. Derrière cette profusion de mots, se cache une refondation des échanges, de plus en plus privatisés et marchandisés. Décryptage.
«Ce n’est pas tant une tyrannie de l’écrit qu’une tyrannie de la production, résume Béatrice Fracchiolla, il y a trop de communications écrites. Nous sommes noyés.» (Myriam Tirler/Plainpicture)
publié le 1er juin 2022 à 18h36

C’est un sentiment diffus, une impression. Celle de passer ses journées à rédiger des courriels, à remplir des formulaires, à nourrir des correspondances diverses et variées, à tapoter sur l’écran de son smartphone, à alimenter des flots de textos, conversations WhatsApp et autres messages sur Facebook, Twitter ou le Bon Coin. «C’est une situation assez surprenante, constate la philosophe Valérie Charolles, autrice de Philosophie des écrans. Dans le monde de la caverne (Fayard, 2013) et Se libérer de la domination des chiffres (Fayard, paru le 2 mars). Quand sont apparus les écrans d’ordinateurs, on prophétisait la disparition de l’écrit, remplacé par la vidéo et les communications orales. Or, c’est tout l’inverse qui s’est produit, nous avons assisté à une démultiplication de l’écrit sous tout un tas de formes.»

Ce sont 1,4 milliard de mails qui sont envoyés chaque jour en France (33 en moyenne par personne), 380 millions de SMS sont échangés quotidiennement (chiffres de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse, l’Arcep), sans évoquer les centaines de millions de posts publiés sur les réseaux sociaux et autres applications de messagerie. Avec la pandémie, WhatsApp a, lui, enregistré une hausse de 40 % de son utilisation. Des chiffres qui défient l’entendement mais rendent compte d’une indiscutable explosion des écrits numériques. «Nous avons des téléphones pour écrire, plus que pou