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Chroniques du Sahel

Mali, Burkina Faso, Niger… dans la nuit sahélienne, tous les chats sont kaki

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Les régimes militaires du Sahel fondent leur ethos sur des normes militaires appliquées à la société et se lancent dans une réécriture «vaniteuse et risquée» du roman national, souligne le chercheur Yvan Guichaoua.
Au centre Abdourahamane Tiani (Niger) ; (à g.) Assimi Goïta (Mali) ; et à droite, Ibrahim Traoré (Burkina Faso), au sommet de la Confédération des Etats du Sahel, à Niamey, en 2024. (AFP)
par Yvan Guichaoua, chercheur au Bonn International Centre for Conflict Studies
publié le 17 avril 2025 à 7h04

Chaque mois, des chercheur·ses spécialistes du Sahel livrent à Libération leurs réflexions, leurs éclairages, leurs amusements, leurs colères ou leurs opinions sur la région. Aujourd’hui, le point de vue d’Yvan Guichaoua, chercheur au Bonn International Centre for Conflict Studies.

Lorsque, à partir de 2020, les coups d’Etats se sont succédé au Mali, au Burkina Faso et au Niger, et ont finalement balayé les présidents élus de la région, un réflexe courant parmi les analystes a consisté à trouver les origines de la prise de pouvoir par les militaires dans les faillites de la démocratie plutôt que dans les casernes d’où proviennent les putschistes. La démarche est légitime tant les démocraties sahéliennes étaient imparfaites, ont déçu les opinions publiques confrontées à la guerre et font, toujours maintenant, bien peu de nostalgiques. Mais les coups d’Etat ne sont pas la conséquence naturelle de l’échec d’un régime. Même s’ils peuvent être improvisés (comme ce fut le cas au Mali en 2012), ils sont conduits par des personnes dotées d’un minimum d’intentions et de suite dans les idées. La question de ce que veulent les militaires sahéliens en prenant le pouvoir et de ce qu’ils veulent pour leur pays maintenant qu’ils les gouvernent doit être élucidée.

Les militaires sahéliens des années 2020 n’ont pas sous la main de