Exilée en 2018 – elle n’a pas pu rentrer chez elle depuis – et faisant l’objet d’une plainte de Bolsonaro depuis 2022, la philosophe Márcia Tiburi, enseignante à l’université Paris-8, analyse depuis 2015 la montée des discours d’extrême droite au Brésil. L’autrice de Comment parler avec un fasciste (non traduit) et membre du Parti des travailleurs au Brésil, dénonce les logiques de manipulation des émotions qui se jouent depuis presque une dizaine d’années dans un pays devenu, à l’échelle internationale, le laboratoire d’un projet politique «publicitaire», faisant de la haine de l’autre un produit marketing.
Comment réagissez-vous à l’invasion des lieux de pouvoir à Brasília ?
Nous vivons un moment terrifiant, auquel une partie du monde, acquis à la cause démocratique, ne s’attendait pas. Mais pour ceux qui comme moi ont vécu de l’intérieur cette lame de fond contre la démocratie et connaissent le fonctionnement du fascisme, l’étonnement est moindre. Je dénonce ce néofascisme brésilien depuis 2017 donc je ne suis pas surprise. La promesse de cette invasion avait été énoncée dans les tribunaux et au Congrès par les groupes bolsonaristes. Nous sommes dans l’avant-dernière phase d’un cycle dont je crains qu’il ne mène à des massacres ou une guerre civile si rie