Au lendemain de l’élection de Donald Trump en 2016, il avait étrillé la gauche américaine et sa défense des identités ethniques ou de genre dans un essai polémique, la Gauche identitaire. L’Amérique en miettes (Stock). Mark Lilla, professeur à l’université Columbia (New York) et historien des idées, y critiquait férocement l’«idéologie diversitaire» au sein du camp progressiste et sa dénonciation un peu trop bruyante des discriminations. Pour cet Américain francophone, le «culte de l’identité» éloignerait le Parti démocrate des classes populaires.
La charge de cet essayiste à l’air sévère, qui se définit comme «liberal» et «centrist», avait ravi la droite. A gauche, elle avait été perçue comme l’expression d’une identité de blanc privilégié. Entre pairs, le débat était monté dans les tours, Lilla ayant dû parer quelques attaques acides, comme celle de sa collègue à Columbia Katherine Franke, qui l’avait comparé à l’ancien chef du Ku Klux Klan David Duke.
Près d’une décennie plus tard, alors qu’un Trump plus autoritaire que jamais est revenu au pouvoir et cible, entre autres, les campus américains, l’intéressé se défend d’avoir contribué à la