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Interview

Martin Winckler : «Le mépris est une chose très française qui n’a rien de génétique»

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Dans son dernier livre, le médecin écrivain, établi au Canada depuis 2009, s’attaque à «l’arrogance à la française». Et si, en 2025, on tentait de se débarrasser de cette façon de refuser son estime à quelqu’un ou à quelque chose ?
(Jonathan Blézard/Libération)
publié le 3 janvier 2025 à 17h53

En partant vivre au Canada il y a quinze ans, l’écrivain Martin Winckler s’est rendu compte de l’image méprisante que les Français traînaient avec eux. «Vous êtes sûr que vous êtes Français ?» lui demande-t-on à un festival de littérature où ses homologues de l’Hexagone avaient fait mauvaise impression en ne se mêlant pas aux auteurs d’autres nationalités.

Ex-médecin généraliste dans la Sarthe, engagé pour les droits des patients, lui-même fils de médecin, Martin Winckler s’attaque à «l’arrogance à la française» dans un pavé intitulé Au pays du mépris (Robert Laffont). A 69 ans, il se retourne sur sa carrière et multiplie les anecdotes personnelles. L’occasion de régler ses comptes avec les profs qui l’ont catalogué «nul», avec la brutale sélectivité des études de médecine ou encore avec les critiques qui s’étonnaient du succès de la Maladie de Sachs (P.O.L), roman sur la vie d’un médecin de campagne, prix du Livre Inter 1998, plus de 300 000 exemplaires vendus.

Mais son propos dépasse largement le cas Winckler, qui s’intéresse au «mépris français», et pas seulement au mépris de classe des élites envers le peuple. Car contrairement aux richesses, ce mépris-là ruissellerait bel et bien sur toutes les couches de la société. Refuser d’accorder son estime à quelqu’un ou quelque chose est un sentiment qui «n’a rien de génétique» et dont on pourrait se défaire comme certains déconstruisent leurs biais sexistes ou racistes.

Pour nous accompagner, Martin Wi