Xenia Fedorova, la nouvelle voix poutinophile de l’empire Bolloré
Des interventions sur CNews, des articles dans le JD News, une pastille documentaire sur Canal + et maintenant un livre insipide chez Fayard. Xenia Fedorova, l’ancienne patronne de Russia Today France, chaîne de propagande du Kremlin interdite en France à la suite de l’invasion russe en Ukraine, se recycle dans à peu près tous les canaux de communication du milliardaire breton. Elle publie un livre, Bannie, sous-titré Liberté d’expression sous condition, où elle se pose en victime de la «censure». Sous couvert de «pluralisme», ses analyses reprennent mot pour mot le narratif de Vladimir Poutine en matière de géopolitique et nombre des marottes de l’extrême droite française. Lire son profil.
Gaspard Proust, «Desproges hard et réac» ou comique d’extrême droite
Du JDD à la matinale d’Europe 1, l’humoriste suisso-slovène de 47 ans émaille ses sketchs de propos choquants, sans que cela ne provoque de polémiques à la hauteur de celle qui a touché Guillaume Meurice. Si l’humoriste de France Inter a été sanctionné pour avoir qualifié Benyamin Nétanyahou de «nazi sans prépuce», la chronique du comique bolloréen, remplie de références piochées dans le champ lexical de la fachosphère, n’a pas fait remuer une oreille. A l’instar de l’ensemble de son œuvre dans les médias Bolloré, dénoncées en interne mais couvertes par ses responsables. Portrait d’un humoriste au service de l’idéologie ultradroitière de son patron.
Mathieu Bock-Côté, le D’Artagnan planqué de l’extrême droite
Le sociologue et polémiste québécois anti-«woke» a remplacé Eric Zemmour sur CNews, où il a sa propre émission. Editorialiste sur Europe 1, aperçu dans le Journal du dimanche version Bolloré, il est un rouage de l’empire médiatique du milliardaire breton. Hanté par la «submersion migratoire», Mathieu Bock-Côté dénonce ad nauseam l’américanisation des esprits français, à longueur d’éditoriaux, de chroniques et d’essais. Ce qui ne l’empêche pas de pourfendre une tyrannie de la bien-pensance alors qu’il a toute la place pour imposer ses idées, en France comme au Québec où il a conservé toutes ses chroniques. Pas le moindre des paradoxes, pour celui qui n’a pas pu trouver une place dans son emploi du temps pour répondre aux questions de Libération. Lire son portrait.
Franck Ferrand, le vulgarisateur d’histoire qui collectionne les casseroles
L’animateur, chroniqueur à Valeurs actuelles et invité régulier de CNews, est aussi l’une des pièces maîtresses de France 2 et France 3 pendant le Tour de France. Ses livres et ses nombreuses chroniques relaient une vision complotiste et réactionnaire de l’histoire de France. Il contribue, par exemple, à propager l’idée, fausse, selon laquelle le site d’Alésia, qui opposa les Gaulois et les Romains lors de la conquête des Gaules, se trouve dans le Jura, à Syam et à Chaux-des-Crotenay, et non en Bourgogne, dans la commune d’Alise-Sainte-Reine, comme le documentent pourtant les historiens et les archéologues depuis le XIXe siècle. Depuis ses débuts au micro de France Télé, qui évite volontiers la surexposition de son chroniqueur, Franck Ferrand est passé du rang de personnalité mondaine fascinée par la royauté et la France chrétienne à tête de gondole éditoriale d’extrême droite. Lire notre enquête.
Sonia Mabrouk, directrice de la réaction
Repérée par Jean-Pierre Elkabbach à Jeune Afrique, la journaliste-présentatrice d’Europe 1 et CNews déplore la «décadence» de l’Occident et s’en prend aux antiracistes, féministes et écologistes «totalitaires». «Réac aux dents blanches» selon Causeur, Sonia Mabrouk déploie son mètre 77 à l’entretien du matin de la maison bleue, où la maîtresse de cérémonie de Public Sénat s’est transformée en catcheuse du petit déj, à la recherche du «moment de radio». Très libérale sur l’économie, «féministe mais avec les hommes», cette musulmane laïcarde, issue de la bourgeoisie tunisienne, invite volontiers des responsables politiques de tous les bords. Souvent pour se les payer. Elle s’en défend : «Avec ou sans moi, ils prennent déjà beaucoup de place et imposent un discours.» Lire son portrait.
Cyril Hanouna, l’emprise d’antenne
Bête de télé ou monstre cathodique ? Quand on interroge le milieu de l’audiovisuel, les deux expressions ne sont jamais loin à propos du cas Cyril Hanouna. Malgré toutes les polémiques déclenchées dans Touche pas à mon poste et un paquet d’amendes à plusieurs centaines de millions d’euros, dont une faisant suite à une séquence relayant des propos conspirationnistes sur une drogue issue de «sang d’enfants», l’animateur de C8, protégé de Vincent Bolloré, a réussi à se débarrasser de tous les garde-fous. Un «système épouvantable» pour de nombreux chroniqueurs. Le rapport entre Hanouna et sa bande est décrit comme une mise en tension permanente, où les chroniqueurs qui restent vivent «en circuit fermé, dans la hantise de pas être repris à l’antenne». Ceux qui ont les moyens de trouver un job à l’extérieur fuient le programme. Lire l’article.
Christine Kelly ou la désinformation en continu
Reprenant les poncifs de la droite dure et en l’absence de tout contradicteur, l’animatrice vedette et ses chroniqueurs enchaînent les interprétations tendancieuses et affirmations non ou mal sourcées. L’esprit de concorde règne, tout comme «le bonheur d’être ensemble» célébré par l’ex du CSA. Face à elle, Mathieu Bock-Côté a succédé à Eric Zemmour, mais les obsessions sont les mêmes. «Effacée derrière Dieu», la journaliste laisse ses chroniqueurs enchaîner les fake news : l’ex-minimum vieillesse qui peut être sollicité depuis un pays étranger, à raison d’un milliard d’euros de pertes pour les caisses de retraite, le classement fantaisiste de l’entreprise Numbéo sur la sécurité où la France figure en bien mauvaise position... Le tout dans un ronronnement de désinformation. Lire l’article.
Geoffroy Lejeune, de Valeurs actuelles au JDD
Des condamnations en justice, du racisme, un rapport très distant à la déontologie… Celui que Vincent Bolloré a parachuté à la tête du nouveau JDD, malgré une grève de 40 jours des salariées du journal, a fait de Valeurs actuelles un instrument politique au service d’Eric Zemmour. Sous la coupe de Lejeune, le journal a été condamné pour injure publique à caractère raciale – pour un récit dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave – et pour diffamation, en plus d’avoir été mis à l’index par le Conseil de déontologie journalistique et de médiation (CDJM) à plusieurs reprises, par exemple pour non-respect des «obligations déontologiques d’exactitude et de véracité». Pour le nouveau JDD, Geoffroy Lejeune a recruté sa rédaction dans la presse catholique conservatrice, de sites complotistes ou des organes d’influence du Kremlin. Lire son profil.
Eric Naulleau, l’ombre du Z
Il joue l’homme de gauche sur les plateaux de CNews. L’ami et ex-duettiste télé d’Eric Zemmour dénonce pourtant l’équivalence du danger «entre l’extrême droite et la gauche woke». Et le voilà qui, à notre grande surprise, appose un signe égal entre deux camps qu’il serait très exagéré de confondre. Pour savoir si sa langue a fourché ou s’il est en train de vriller, une relance s’impose. Celui qu’une journaliste télé décrit «comme ne regrettant jamais rien, s’excusant peu et détestant la repentance» persiste et signe. Résumé de ses textos : «Nous avons avec Zemmour des désaccords fondamentaux (les femmes, l’islam, Pétain), ceux-là mêmes que je n’ai jamais cessé de pointer. Cela dit, en cas de second tour Zemmour-Mélenchon, je voterai pour le premier. L’un débat avec moi depuis quinze ans, l’autre exige mon éviction du plateau quand il vient. De ce point de vue, Z est davantage mon genre de beauté démocratique.» Lire son portrait.
Laurence Ferrari, bien au show chez Bolloré
Avec Punchline, diffusée à cheval entre CNews et Europe 1, l’ambitieuse ex-présentatrice du 20 heures de TF1 est devenue l’un des visages incontournables de l’empire de plus en plus populiste de Vincent Bolloré. Au fil des années, elle a affirmé sa recette dans le plus pur style populiste de CNews : des faits d’actualité, majoritairement axés immigration et insécurité, donnés à commenter à quatre invités. Des polémistes récurrents qui font souvent pencher le plateau très à droite. Au moment de la reprise en main de ITélé par Vincent Bolloré en 2016, elle anime l’émission Tirs croisés. Alors que la rédaction gronde contre l’arrivée de Jean-Marc Morandini, mis en examen pour «corruption de mineur» (il a depuis été condamné à un an de prison avec sursis), et plus largement la mainmise de Bolloré sur la chaîne d’info, l’attitude de Ferrari est alors ambiguë. Sur la chaîne rebaptisée CNews, elle est toujours là. Lire son profil.