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Matrix, monarchie et culte du QI : Curtis Yarvin, le gourou du trumpisme qui veut éteindre la démocratie

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Le trumpisme décortiquédossier
L’ingénieur informatique et blogueur «néoréactionnaire» est devenu une référence de l’extrême droite américaine, de J. D. Vance à Tucker Carlson. Ses idées ouvertement obscurantistes s’inscrivent dans le courant de pensée des «Lumières noires».
Curtis Yarvin en 2023. Photo issue de la vidéo «The Case Against Democracy» de la chaîne Triggernometry. (Capture YouTube)
publié le 4 avril 2025 à 6h35

Cheveux longs et perfecto sur les épaules, on pourrait croire qu’il s’inspire de Slash, le guitariste des Guns N’Roses. Sa pensée radicale pourrait se résumer dans le titre du tout premier album du groupe américain : Appetite for Destruction. La comparaison s’arrête là entre les légendaires rockeurs et Curtis Yarvin, ingénieur informatique et blogueur «néoréactionnaire» qui irrigue le trumpisme new look, du vice-président des Etats-Unis J. D. Vance, qui dit adhérer à ses idées, à l’ex-animateur de Fox News et relais de thèses complotistes Tucker Carlson, qui l’invite dans ses shows. Curtis Yarvin, 51 ans, qui s’ébroue depuis 2020 sur sa page Gray Mirror, à laquelle ses fans peuvent s’abonner pour 100 dollars par an, veut mettre fin à la démocratie, «une expérience ratée», et prône le retour à la monarchie, mais dirigée par un entrepreneur de la Tech.

Sa philosophie ouvertement obscurantiste tient dans un concept aux accents ténébreux : les «Lumières noires» (Dark Enlightenment, en VO), inventé par le théoricien britannique Nick Land en écho aux Lumières du XVIIIe siècle, qu’il faudrait éteindre. Quelques jours avant l’investiture de Donald Trump, l’idéologue a donné un entretien au New York Times où il a déclaré ne pas croire «du tout au vote» et a estimé que l’Amérique devait surmonter sa «phobie des dictateurs».